Les assureurs face au changement climatique

Le changement climatique actuel vient se répercuter sur nos modes de vie. Les évènements climatiques extrêmes comme les tempêtes, les inondations ou encore les épisodes de sècheresse augmentent en fréquence et en intensité. Les biens matériels des humains sont alors de plus en plus touchés. Face à cette nouvelle réalité, les assureurs sont confrontés à un défi majeur : le risque climatique est-il encore assurable ?

Calculer l’incalculable : le défi des assureurs

Les statistiques révèlent une augmentation du nombre de catastrophes naturelles. Les pertes économiques qui en découlent sont donc également en hausse, et ce pour de multiples raisons. Dans un premier temps, il est important de noter une évolution dans le recensement de ces événements : les autorités et les organismes compétents ont amélioré leur capacité à recenser et à enregistrer ces événements. Mais l'augmentation du capital installé dans les zones à risques explique la multiplication des pertes économiques liées aux catastrophes naturelles, et le changement climatique est un facteur supplémentaire qui vient aggraver la situation. Les catastrophes naturelles s'intensifient et leur fréquence augmente, rendant le calcul du risque de plus en plus difficile pour les assureurs.

Se désengager et augmenter les prix

Face à cette situation délicate, certains assureurs décident d’adopter une approche prudente et restent frileux quant à l’idée de couvrir les habitations situées dans des zones exposées aux risques climatiques. Certains refusent catégoriquement pendant que d’autres proposent des tarifs d'assurance très élevés.

Aux États-Unis par exemple, certaines compagnies d'assurance choisissent de ne pas renouveler les contrats d'assurance habitation dans les régions à risque d'incendie élevé comme la Californie ou le Colorado. En Australie, où le niveau de la mer augmente progressivement, aucune compagnie ne propose de couvrir ce type de risque dans les contrats d'assurance immobilière résidentielle.

Une nouvelle solution : renforcer la prévention et l'éducation aux risques

Plutôt que de se désengager complètement, beaucoup d’assureurs préfèrent renforcer leurs actions de prévention et d’éducation aux risques naturels. Adapter les normes de construction aux aléas climatiques locaux pourrait être une solution efficace.

En France, il existe un Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) dont le rôle est d’identifier les zones vulnérables et non constructibles. Les assureurs ne sont pas dans l’obligation d'accorder la garantie catastrophes naturelles aux biens implantés dans ces zones.

Les assureurs forestiers comme Groupama ou le Crédit Agricole ont décidé d’arrêter de couvrir certaines zones jugées trop risquées, notamment le pourtour méditerranéen connu pour ses étés chauds et secs et ses vents violents, favorables à la propagation des incendies.

Des contrats plus exigeants

Pour continuer à opérer sur le marché tout en gérant les risques climatiques croissants, les assureurs viennent à se poser des questions sur les termes de leurs contrats. Augmenter les prix ? Les niveaux de franchises ? Un seuil de déclenchement plus strict pour les indemnisations ? Ces ajustements permettraient de mieux évaluer et anticiper les risques climatiques, mais ils risqueraient d'accroître les inégalités en affectant davantage les habitants des zones les plus vulnérables.

Les personnes vivant dans des régions exposées aux catastrophes naturelles pourraient être confrontées à des tarifs d'assurance très élevés, ou à une absence totale de couverture.

Ce qu’il faut retenir

Le risque climatique représente un défi majeur pour les assureurs et remet en question l'assurabilité des biens et des personnes exposés aux catastrophes climatiques. Face à cette réalité, les assureurs réagissent de différentes manières, allant du désengagement à l’augmentation des tarifs. Mais, il est impératif de renforcer la prévention, l'éducation aux risques et l'adaptation des normes de construction pour faire face à l'aggravation du risque climatique.

Le développement durable est au centre des préoccupations actuelles, et les entreprises jouent un rôle central dans l’avenir de la planète. Le reporting de durabilité, qui permet de rendre compte des performances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) des entreprises, devient alors essentiel. En Europe, les normes européennes ESRS (European Sustainability Reporting Standards) sont adoptées pour répondre à cette demande, tandis que dans le monde anglosaxon, ce sont plutôt les normes d’inspiration américaines IFRS-S (International Financial Reporting Standards on Sustainability) qui sont appliquées. Une question vient alors se poser : comment faire pour obtenir un résultat commun lorsque les normes en termes de reporting de durabilité ne sont pas universelles ?

Contexte des normes de reporting de durabilité

Les normes ESRS ont été développées en Europe pour améliorer la transparence des informations sur la durabilité des entreprises. Elles visent à rendre ces informations accessibles et mettent l'accent sur la transparence et la responsabilité des entreprises. Les normes IFRS-S, quant à elles, ont été développées dans le but de répondre aux attentes des investisseurs.

Ces normes doivent relever des défis  

Les différences culturelles et réglementaires entre l'Europe et les États-Unis peuvent rendre difficile l'harmonisation des pratiques, et coordonner les normes européennes et anglo-saxonnes représente un défi de taille.

En effet, celles-ci ont des approches différentes en termes de portée et de contenu, ce qui entraîne des ajustements importants pour parvenir à une coordination totale à l’échelle mondiale.

Malgré les défis, parvenir à rapprocher les normes européennes et américaines présente de nombreux avantages. Cela facilite la comparaison des informations entre les entreprises européennes et américaines, permettant aux parties prenantes, dont les investisseurs, de prendre des décisions plus éclairées. Une coordination internationale renforce la crédibilité et l'efficacité du reporting de durabilité en établissant des normes communes acceptées à l'échelle mondiale.

Comparaison des ESRS et des IFRS-S

Les ESRS européens et les IFRS-S présentent historiquement des approches différentes vis-à-vis du reporting de durabilité.

Les ESRS européens mettent l'accent sur la transparence et la responsabilité des entreprises, en intégrant les principes du Global Reporting Initiative (GRI) et du Sustainability Accounting Standards Board (SASB). Ils couvrent un large éventail de secteurs et fournissent des indications précises sur les informations à inclure dans les rapports de durabilité. C’est une approche directive de la communication extra-financière.

Les IFRS-S, quant à elles, se concentrent sur les attentes spécifiques des investisseurs, en considérant que les besoins d’informations de ceux-ci permettront de répondre aux attentes de toutes les autres parties prenantes. Ils mettent l'accent sur l'identification des risques, des opportunités et des impacts financièrement significatifs sur le modèle d’affaires des entreprises liés à la durabilité. C’est une approche qui s’appuie sur les besoins anticipés des marchés de capitaux en matière d’information extra-financière.

Malgré leurs différences, les ESRS et les IFRS-S partagent les mêmes objectifs de transparence et de responsabilité en matière de durabilité.

Cependant, il convient de noter que la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) de l'Union européenne a choisi d’introduire un concept de double matérialité pour appréhender les enjeux liés à la durabilité d’une entité économique. Cette approche a pour objectif de pousser les entreprises à évaluer à la fois les risques et les opportunités liés aux aspects non-financiers de leur développement (impacts sur les parties prenantes), et les impacts financiers sur leurs activités.

A l’inverse, les IFRS-S se concentrent principalement sur la matérialité financière, en considérant que la durabilité des modèles d’affaires est avant tout un enjeu sur la profitabilité des entreprises. Les enjeux environnementaux et sociaux sont intégrés dans la communication aux investisseurs, car ils ont un impact à plus ou moins long terme sur la performance financière des entreprises.
Dans ces deux visions, les trois piliers du développement durable sont appréhendés, mais selon différents prismes. Cette distinction reflète les différences entre l'approche européenne, qui souhaite l'intégration de la durabilité dans les activités de l'entreprise, et l'approche américaine, qui met l’accent sur les informations financières pertinentes pour les investisseurs.

Ce qu’il faut retenir

La coordination entre les normes européennes ESRS et les normes américaines IFRS-S de reporting de durabilité présente à la fois des défis et des avantages. Les différences réglementaires entre l'Europe et les États-Unis nécessitent des ajustements pour parvenir à une entente complète. Cette coordination internationale faciliterait la prise de décision des parties prenantes et réduirait la complexité pour les entreprises opérant dans différents pays. Des ajustements sont en cours pour harmoniser les normes de reporting de durabilité à l'échelle mondiale, et ainsi promouvoir un développement économique plus durable. L’harmonisation internationale devient une nécessité dans un contexte où la soutenabilité des modèles économiques sur les enjeux climatiques et sociaux devient critique.

Les activités humaines modernes telles que la déforestation, les émissions provenant des véhicules ou encore les activités industrielles exercent une pression sur l’environnement, mettant en péril l’équilibre planétaire. Pour préserver l’environnement et offrir aux générations futures un avenir pérenne, les scientifiques du Stockholm Resilience Center ont identifié neuf limites planétaires à ne pas dépasser. Ces limites définissent les seuils critiques que l’humanité ne doit pas franchir pour maintenir les conditions nécessaires à la vie sur Terre.

Le concept des limites planétaires

C’est en 2009 que les chercheurs du Stockholm Resilience Center ont défini le concept de limites planétaires. Il s’agit d’un cadre qui permet de déterminer les seuils acceptables au-delà desquels le système Terre perd sa capacité à se régénérer. Franchir ces limites écologiques entraîne une instabilité croissante de l’équilibre du système Terre.

Zoom sur les neuf limites planétaires

Le changement climatique

Le changement climatique entraîne une augmentation des événements climatiques extrêmes. Nous pouvons par exemple penser aux vagues de chaleur, aux sécheresses extrêmes, aux inondations, aux ouragans…

L'érosion de la biodiversité

Les activités humaines sont la raison principale de la disparition de certaines espèces animales ou végétales ; en cause : l’agriculture intensive, l’exploitation forestière, l’urbanisation…

Le changement d'utilisation des sols

Les activités humaines, en particulier dans le secteur agricole, contribuent à la déforestation, ce qui entraîne la dégradation de la biodiversité, l'érosion des sols et la hausse des émissions de gaz à effet de serre.

L'introduction de substances chimiques dans la biosphère

L'utilisation de produits chimiques tels que les plastiques, les pesticides et les médicaments perturbe l'équilibre naturel de la biosphère.

La perturbation des cycles de l'azote et du phosphate

Les pratiques agricoles intensives et l'utilisation abusive d'engrais chimiques perturbent les cycles biologiques de ces éléments pourtant essentiels à la vie.

L’azote est un nutriment indispensable à la croissance des végétaux. Toutefois, en cas de surplus émis dans l’environnement, il contribue alors à la pollution de l’eau par les nitrates. Associé au phosphate, il est responsable du phénomène d’eutrophisation. Ce dernier constitue une pollution des écosystèmes aquatiques lié à l’accumulation de matières nutritives qui ne peuvent être assimilées par les algues qui prolifèrent au détriment d’autres espèces de flore ou de faune.

L'acidification des océans

Le dioxyde de carbone est dissous dans l’eau de mer sous forme d’acide carbonique.  Cet apport d’acide supplémentaire provoque une diminution du pH de l’océan et donc une acidification des océans, ce qui menace la biodiversité marine et la capacité des océans jouer son rôle de puit de carbone dans l’équilibre terrestre.

L'augmentation des aérosols dans l'atmosphère

Les particules fines en suspension dans l'air, d'origine naturelle ou humaine, peuvent avoir des effets néfastes sur la santé et l'environnement.

L'appauvrissement de la couche d'ozone stratosphérique

La couche d'ozone, qui protège la vie sur Terre en filtrant les rayonnements ultraviolets du soleil, a été sérieusement endommagée par les substances chimiques. Cependant, grâce au Protocole de Montréal de 1987, des progrès ont été réalisés dans la réduction des émissions de ces produits chimiques et la restauration de la couche d'ozone.

Le cycle de l'eau douce

L'eau douce est une ressource vitale, mais son utilisation excessive et la perturbation de son cycle ont des conséquences sur l'équilibre écologique et les activités humaines. Le prélèvement d'eau dans les rivières, les lacs et les nappes phréatiques est un sujet de préoccupation afin d’éviter les pénuries.

Le dépassement des limites planétaires

Sur les neuf limites planétaires identifiées, six ont déjà été dépassées. Les activités humaines exercent une pression croissante sur les ressources de la planète, mettant en péril l'équilibre écologique. Il est essentiel de comprendre ce concept pour accélérer la transition vers des modes de production et de consommation plus durables.

L’acidification des océans, la dégradation de la couche d’ozone et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère sont les trois seules limites planétaires pas encore dépassées. Il est donc urgent de revoir la manière de développer l’activité humaine si nous ne voulons pas franchir ces trois dernières limites.

Les implications des limites planétaires

Le dépassement des limites planétaires a des conséquences sur notre planète et sur notre qualité de vie. Il est essentiel de comprendre les interconnexions entre ces limites et d'agir de manière collective pour les respecter. Le modèle du donut, développé par Kate Raworth, montre comment les limites planétaires et les besoins sociaux peuvent être équilibrés pour créer une trajectoire durable pour l'humanité.

Ce qu’il faut retenir

Les neuf limites planétaires définies par le Stockholm Resilience Center sont des indicateurs clés pour évaluer la santé de notre planète. A l’heure actuelle, six de ces limites ont déjà été dépassées. En comprenant les interconnexions et en adoptant des modes de vie et de production durables, nous pouvons travailler collectivement pour respecter ces limites et préserver notre planète pour les générations futures.

Les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies représentent un ensemble de 17 objectifs qui tendent à créer un monde plus durable à l’horizon 2030. C’est en septembre 2015 que ces objectifs ont été fixés et adoptés par tous les États membres des Nations Unies, dans le cadre de l'Agenda 2030. Définir et fixer des objectifs de développement durable permet de fournir un cadre de développement pour les entreprises et les pays, qui peuvent ainsi plus facilement orienter leurs efforts vers la construction d’un monde plus durable et plus juste. De plus en plus d'entreprises reconnaissent l'importance de ces objectifs et les utilisent comme grille de lecture pour évaluer et améliorer leur durabilité.

Les objectifs de développement durable : une feuille de route pour la durabilité

Les 17 objectifs de développement durable touchent de nombreux domaines comme l’accès à la santé pour tous, la lutte contre les inégalités, l'accès à l'éducation, la promotion de l'égalité des sexes, la protection de l'environnement ou encore la lutte contre le changement climatique. Ces objectifs offrent une feuille de route claire, un cadre précis aux entreprises qui peuvent alors orienter leur manière de faire vers une production plus responsable. En prenant en considération les différents objectifs de développement durable, les entreprises peuvent identifier les domaines dans lesquels elles sont susceptibles d’intervenir positivement, et ainsi mettre en place des solutions.

Aligner les objectifs de l'entreprise avec les ODD

Afin d’atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, il est essentiel que les entreprises alignent leurs objectifs et leurs stratégies sur les objectifs de durabilité qui leur correspondent ou sur lesquels elles peuvent agir. Par exemple, une entreprise axée sur les énergies renouvelables peut notamment se concentrer sur l'objectif n° 7 des ODD, qui vise à garantir l'accès à des sources d'énergie fiables, durables et modernes pour tous.
Les enjeux identifiés pour une entreprise et les politiques mises en œuvre peuvent permettre de répondre à plusieurs objectifs de développement durable.
Des synergies et des antagonismes peuvent se faire jour.

Viser les ODD : une opération gagnante pour les entreprises

Orienter son développement en faveur des ODD présente de nombreux avantages pour les entreprises.

Premièrement, montrer son engagement envers les causes sociales et environnementales améliore votre réputation et l’image de marque de votre entreprise. Aujourd’hui, l’avenir de la planète est au cœur de toutes les préoccupations, et avoir conscience du rôle que jouent les entreprises est primordial lorsque l’on est à la tête de sa propre société.

Deuxièmement, cela peut favoriser l'innovation. Afin d’atteindre certains objectifs de développement durable, les entreprises doivent savoir faire preuve de créativité pour imaginer de nouvelles solutions et relever les défis écologiques et sociétaux.

Enfin, cela peut contribuer à attirer et à fidéliser les clients, les employés, les partenaires et les investisseurs sensibilisés au développement durable et à l’environnement.

Ce qu’il faut retenir

Les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies fournissent un cadre puissant pour évaluer et améliorer la durabilité des entreprises. En alignant leurs objectifs et leurs actions sur les ODD, les entreprises peuvent contribuer de manière significative à la réalisation de ces objectifs mondiaux. L'engagement envers les ODD offre également des avantages concrets aux entreprises, tels qu'une meilleure réputation par une communication structurée et cadrée, une tendance à l'innovation et une implication certaine des parties prenantes !